Appel à communications : Atelier international "Les lieux d’enfermement, espaces multifonctionnels en Europe occidentale et en Russie (16e-19e siècle)"

Colloque
|
Histoire
|
Vendredi, 15 mars, 2019 - 00:00
|
Institut d'histoire allemand - 8/7, rue Vorontsovskaïa, Moscou

Les 4 et 5 septembre 2019, à l'Institut d'histoire allemand de Moscou, se tiendra l'atelier international "Les lieux d’enfermement, espaces multifonctionnels en Europe occidentale et en Russie (16e-19e siècle)". Il est organisé par l'EHESS, l'Université de Bonn, l'Institut d'histoire allemand de Moscou, l'Université Paris 8, l'Université du Québec à Montréal, l'Université de Sherbrooke et le CEFR.

 

Le projet de cet atelier international est de croiser et de débattre de ces nouvelles perspectives sur l’histoire de l’enfermement. L’accent sera tout d’abord mis sur la question de la transmission des pratiques des communautés monastiques médiévales aux établissements pénitentiaires modernes. Puis, la comparaison entre l’Europe de l’Ouest et l’Europe de l’Est (et la Russie en particulier) vise à examiner les relations entre deux espaces qui, jusqu’à présent, n’ont été que peu abordées par la recherche. La conférence réunira des chercheurs de France, d’Allemagne et de Russie, mais aussi du Canada et de Suisse pour une discussion commune portant aussi bien sur les problèmes méthodologiques de leurs recherches que sur leurs résultats.

 

Le point de départ est l’idée établie de longue date que les techniques d’enfermement ne sont nullement des produits de la modernité, mais qu’elles présentent des similitudes structurelles avec les pratiques monastiques de contrôle, de pénitence et d’hospitalisation datant du Moyen Âge. Les institutions séculières ont ainsi adopté des formes, des logiques et des pratiques de vie et de discipline religieuses. Le monastère comme lieu de retraite intérieure (claustrum) a progressivement remodelé les cadres d’une constellation de pratiques.

 

Or ce processus est complexe et l’historiographie en sait encore trop peu : entre le monastère et la "prison moderne", il y a un chaînon manquant. Même dans les monastères médiévaux, on trouve déjà des espaces spécifiques pour l’enfermement des moines et des nonnes indisciplinés – le carcer, bien que ceux-ci ne les aient pas transformés en prison pour autant. Et dans les prisons contemporaines, se maintiennent des pratiques et des techniques plus anciennes de retrait du monde, de pénitence, mais aussi de discipline, motivées par la religion, sans que ces lieux soient des monastères. La production d’un sentiment de honte ou de culpabilité (sous forme de repentance et d’introspection par exemple) fait toujours partie du programme institutionnel. Comment les principes des prisons modernes ont-ils émergé des communautés monastiques médiévales ? Le chaînon manquant, selon notre hypothèse, se trouve dans les institutions multifonctionnelles de l’enfermement à l’époque moderne, où les logiques sacrées et séculières se confondent.

 

Parmi ceux-ci se trouvaient les monastères eux-mêmes. Ils servaient à la fois en France, dans le cadre de l’enfermement par lettres de cachet, dans les parties catholiques du Saint-Empire, ainsi que dans la Russie tsariste et mêlaient des fonctions religieuses, charitables mais aussi punitives et disciplinaires. Les monastères russes n’abritaient donc pas seulement des moines et des nonnes, puisqu’ils servaient également à punir les criminels, à isoler les opposants politiques, à discipliner les paysans rebelles, à soigner les malades ou les handicapés, et à éduquer les enfants. Dans de nombreuses régions protestantes d’Europe, ces fonctions étaient remplies par un autre type d’institution : les maisons de discipline (Zuchthäuser en Allemagne, Bridewells en Angleterre, Tuchthuizen aux Pays-Bas). Il s’agit donc d’un phénomène interculturel et interconfessionnel dont les contours, les conditions structurelles et les modes de fonctionnement, y compris et surtout dans la relation ouest-est, appellent à être examinés en détail.

 

En mettant l’accent sur la "multifonctionnalité" en tant que marqueur central des pratiques de l’enfermement, nous voulons bousculer les cadres traditionnels de la recherche en dépassant la focalisation étroite sur des types d’institutions spécifiques, et en favorisant un croisement des historiographies nationales. Cet appel à contributions sera également ouvert à tous les chercheurs, jeunes ou confirmés, qui travaillent sur des espaces et des sujets qui n’ont pas encore fait l’objet d’une attention particulière de la part des organisateurs.

 

Les langues de travail seront le français et le russe. L’ensemble des interventions et discussions sera traduit simultanément dans les deux langues.

 

Merci de nous soumettre votre proposition sous forme d’un argumentaire ne dépassant pas 500 mots et accompagnée d’un CV succinct jusqu’au 15 mars 2019 à l’adresse emc.hist[at]gmail.com. Retour des organisateurs début avril 2019.

 

Les contributions rédigées seront à remettre au plus tard le 15 juillet 2019, afin que l’ensemble des participants et les traducteurs/traductrices puissent en prendre connaissance. Chaque texte sera en outre à accompagner par un résumé anglais d’une page, pour faciliter le travail de préparation.

 

Retrouvez plus d’information dans cette fiche (PDF)

Retour aux événements